[StartUp Weekend Saint-Brieuc] Alexis Gilabert Senar (ingénieur Enssat) dans l’équipe vainqueur

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La 4e édition du StartUp Weekend Saint-Brieuc s’est déroulée du 29 au 31 mars 2019. Ce type d'évènement, au-delà de l’aspect concours, est surtout destiné à promouvoir la culture de l’entrepreneuriat. Le week-end est ponctué d’interventions de différents acteurs : chefs d’entreprises, organismes d’accompagnement, coachs, experts, etc.

Déroulé : vendredi soir, 19h, après une brève introduction des organisateurs, les porteurs de projet sont invités à une présentation en une minute chrono, façon « pitch ». Une minute pour convaincre de l’intérêt du projet et embarquer les participants dans une histoire, pour leur faire comprendre le problème à résoudre et en quoi le projet répond à cette problématique.
Sur la vingtaine de projets proposés, parmi la cinquantaine de participants, seulement
9 ont été retenus à l’issu du vote du public. Il faut ensuite convaincre les participants de rejoindre une équipe, faire passer tous les messages qui ne peuvent être exprimés lors du pitch. Au final, 7 projets ont pu constituer une équipe, avec quelques étudiants de l'Enssat aussi.

Alexis Gilabert Senar,
diplômé Enssat, promotion 2008

Témoignage de Alexis Gilabert Senar,
diplômé Enssat, promotion 2008

« Je participais vendredi en tant que pitcheur. Cela faisait un peu plus d’un mois que je planchais sur mon idée. Je voulais proposer un service d’accompagnement de la transformation des mobilités. Mon idée était de construire une application mobile permettant de trouver des solutions de mobilité pour nos déplacements du quotidien, afin que nous nous déplacions plus efficacement et de manière plus raisonnable. Cela passait par la mise en avant de l’ensemble des alternatives existantes (covoiturage, auto-partage, pédibus, services de location…) mais aussi et surtout d’un accompagnement... Comprendre les choix de mobilité des utilisateurs, leurs douleurs, leurs contraintes pour pouvoir leur proposer des solutions adaptées. Par exemple, un salarié qui habite près de son lieu de travail pourrait être intéressé par le vélo, mais ne s’est jamais lancé. Je voulais l’accompagner dans le changement, en lui proposant par exemple de partager son trajet avec une autre personne.

Mon projet n’a pas été retenu par les participants. C’est évidemment décevant, surtout quand on a beaucoup travaillé en amont. Mais c’est aussi un retour extrêmement important pour moi. Ai-je fais passer les bons messages pendant mon pitch ? Peut-être que les personnes présentes ne correspondaient pas aux utilisateurs potentiels de ma solution, et n’étaient donc pas intéressés ?  Plus important encore, ce n’est pas parce que mon projet n’a pas été retenu ce week-end que je vais abandonner. Cela me donne encore plus d’énergie pour continuer. »

Les équipes disposent ensuite de 54h pour réfléchir sur leur projet. Le projet n’appartient alors plus à une seule personne, mais à toute une équipe. Épaulés par des coach et des spécialistes (chefs d’entreprises, avocat, experts techniques, designers), les équipes travaillent à l’élaboration du Business Model Canvas (BMC). Cela permet d’avoir une vision claire des activités de la startup en cours de création : qui sont les clients, comment la société communique avec eux, quelles sont les ressources clé de la société, ses partenaires et enfin quels sont les charges et revenus attendus.

« La construction du BMC est un exercice vraiment difficile, mais très important.  C’est grâce à cet outil que l’on peut construire une vision globale de ce que propose la startup. Nous avons construit et déconstruit notre BMC plusieurs fois dans le week-end. Au début, nous étions focalisés sur le service que l’on voulait proposer à l’utilisateur. Les coachs nous ont beaucoup aidé à comprendre que les principaux clients n’étaient sans doute pas l’utilisateur final, mais d’autres entreprises à qui nous vendrions notre solution. Chaque coach amène aussi sa vision du projet. Des fois il faut aussi savoir faire le tri et ne garder que ce qui est essentiel. » 

Le week-end est également ponctué d’interventions de professionnels.
« Nous avons eu droit à une conférence passionnante samedi matin par Karine Sabatier (le Shit, Rennes) et Erwan Minier (Target First, Plérin) à propos de l’effectuation. C’est en quelque sorte un mode de fonctionnement qui s’oppose à une logique prédictive. Plutôt que d’essayer de tout planifier puis de trouver les ressources et les étapes nécessaires pour atteindre un objectif, le fonctionnement effectual est différent : quels sont les moyens dont je dispose, généralement restreints, mais qui me permettront de me rapprocher au plus près de l’objectif. »

Le projet ?
« J’ai rejoint le projet App'IE. Karine, la porteuse de projet voulait créer une école de l’intelligence émotionnelle. Elle avait déjà développé des outils pour apprendre à reconnaître et analyser ses émotions, comprendre les émotions des personnes qui nous entourent. Elle voulait porter ces outils sur un support numérique. Toute l’équipe l’a accompagné dans son projet en apportant leurs compétences, leurs savoir-faire, leurs personnalités, et surtout, leurs bonnes idées. C’est aussi ça l’entrepreneuriat, on entreprend rarement seul. Il faut savoir se nourrir des personnes qui nous entourent et nous conseillent. À la fin du week-end, notre projet était plus clair. Nous voulions construire une application mobile à destination des adolescents pour les aider à comprendre, gérer et s’autonomiser dans la gestion de leurs émotions, et celle des autres. Par exemple, comprendre et gérer sa colère ou son stress. Cela passe par des jeux et des fiches pratiques. »

Qu’as-tu apporté à ce projet ?
« Je suis développeur d’application mobiles chez Orange. Je connais donc bien l’aspect technique. J’ai pu expliquer les contraintes qui peuvent être liés au développement logiciel. Cela m’a permis également de proposer et d’expliquer en quoi la technologie peut rendre le produit encore plus innovant. En plus de la technologie, j’apportais aussi mon point de vue, mes idées. »

Qu’en retires-tu ?
« C’est une formidable aventure individuelle et collective. Ce n’est pas mon premier startup week-end. J’avais déjà participé à une édition précédente, mais sans projet en tête. Je participais juste pour voir comment cela se passerait. Cette fois ci, même si mon projet n’a pas été retenu, j’ai été beaucoup plus sensible aux étapes de la création d’entreprise et à la manière dont l’accompagnement, au sein de l’équipe et au travers des avis extérieurs, est essentiel au développement et à la réussite d’un projet. »
L'équipe du projet APPIE, vainqueur du StartUp Weekend Saint-Brieuc 2019,
avec, à droite sur la photo, Alexis Gilabert Senar (diplômé Enssat, promotion 2008).
Le projet App'IE a gagné le StartUp Week-end, quelles seront les prochaines étapes pour toi et pour l’équipe ?
« À titre personnel, j’ai fait le choix de ne pas m’impliquer trop fortement dans ce projet. Cela veut dire par exemple que ce n’est pas moi qui développerais l’application. Mais comme nous avons créé des liens extrêmement fort pendant ce week-end, je continuerai à les aider et les accompagner, certainement via du conseil technique ou de la confrontation de points de vue. Quand on passe tout un week-end sur un projet, on a envie qu’il aboutisse et qu’il réussisse. L’équipe va continuer dans la création de l’entreprise. Elle va pouvoir bénéficier d’un accompagnement humain et financier de divers organismes, dont la CCI. D'autres liens avec certains coach et décideurs devraient aussi permettre de bénéficier d’un accompagnement stratégique. »

Un mot pour les étudiants ?
« J’invite tous les étudiants, et même pourquoi pas le corps enseignant, à participer, s’ils le souhaitent, à ce genre d’événement. Cela permet de sortir de sa zone de confort le temps d’un week-end pour s’immerger dans le monde de l’entreprenariat. Cela permet aussi de se créer un réseau pour les étudiants. C’est un temps fort ou chacun est invité à se dépasser, à se découvrir de nouvelles compétences, quelque part à se découvrir un ou des talents. L’ambiance est à la fois studieuse mais tellement agréable. Il y a parfois des tensions, mais globalement surtout beaucoup de bienveillance. »