Rosetta : témoignage de Lucie au cœur du projet, en direct de Toulouse

Lucie Labat-Allée a été diplômée de l'Enssat en 2005, dans la spécialité optronique. À sa sortie de l'École d'ingénieurs lannionnaise, elle a intégré une équipe dédiée aux développements de segments sols spatiaux, au sein de l'antenne toulousaine d'une SSII.
Lucie Labat-Allée travaille au CNES sur le projet Rosetta,
elle a été diplômée à l'Enssat (promo 2005 - spécialité optronique).
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Actuellement en lien avec l'actualité, Lucie travaille sur le projet Rosetta de l'Agence spatiale européenne (ESA) - contactée par Thierry Chartier (professeur des universités en optronique à l'Enssat) - elle nous raconte : « Toutes les données retransmises par l'atterrisseur Philae sont relayées vers la Terre par l’orbiteur Rosetta et aboutissent à Toulouse, au Centre des opérations scientifiques et de navigation (le SONC - Science Operation & Navigation Center) du Centre national d'études spatiales (CNES). Ces données sont simultanément acquises, archivées et traitées pour en tirer des produits immédiatement exploitables par les scientifiques, qu’il s’agisse d’images, de diagrammes ou simplement d'informations chiffrées. L'équipe de développeurs - dont je fais partie - a eu en charge la réalisation du cœur informatique du SONC, qui assure non seulement la gestion des données de Philae mais aide également à préparer l'étude, la planification et le suivi d'exécution des expériences demandées par les équipes scientifiques. Une deuxième version plus élaborée du système de traitement des données, entièrement dédiée à la phase « comète », a permis d'intégrer des outils d'aide à la sélection du site d'atterrissage, en particulier.
Du point de vue opérationnel, j'ai eu la chance d'assister à toutes les phases critiques du projet jusqu'au mois d'octobre : différents survols d'assistance gravitationnelle avec la Terre, Mars, survol des astéroïdes Steins et Lutetia, phase de sélection du site d'atterrissage. Pour des raisons personnelles, je n'ai pu assister aux opérations en cours, mais j'ai suivi l'atterrissage de Philae depuis la cité de l'espace, ici à Toulouse, en restant bien évidemment en contact avec mes collègues sur place au SONC pour suivre l'avancée des opérations. Après toutes ces années passées sur le projet, autant dire que ce fut un moment d'intenses émotions !
Comme vous le savez peut-être, Philae a rebondi deux fois avant de « se stabiliser » si l'on peut dire, dans une sorte de cavité. Il semble avoir un pied en l'air et deux au sol. La configuration n'est pas optimale, mais elle a permis tout de même de faire beaucoup de mesures scientifiques (à ce jour, tous les instruments ont pu fonctionner). Initialement, il était prévu cinq jours de mesures scientifiques puis une séquence long terme de mesures pouvant aller jusqu'au mois de Mars.
À ce jour (18 nov. 2014), la visibilité avec Rosetta est réduite, mais existante !, cependant l'ensoleillement est faible (seulement 1h30 par jour sur 12h) ce qui n'a pas été suffisant pour recharger les batteries.
Un maximum d'expériences scientifiques a donc été mis en œuvre ces derniers jours (durant les 60 h d’autonomie calculées depuis le largage). C'est déjà un énorme succès, compte tenu de toutes les inconnues initiales ! Les premiers résultats scientifiques devraient être publiés d'ici la fin de l'année. La date de sortie d'hibernation de Philae elle ne pourra être calculée qu'une fois sa position exacte connue. Suite des aventures de Philae... l'année prochaine! ».

Merci Lucie pour ce témoignage et bonne continuation à toute l'équipe.